Human incognito, c’est le titre du dernier opus de ce papy du rock belge qui n’est toujours pas prêt, pour la peine, de passer incognito. Et son album ?

Il s’agit du 13ème album studio d’Arno, une épopée démarrée 30 ans plus tôt et un bonhomme haut en couleur sans que sa musique ne sombre, elle, dans la pop édulcorée. Autant le dire toute de suite : Human incognito est une jolie surprise, un album accessible mais qui ne cède rien à la facilité si ce n’est peut-être que de ressembler à son auteur : révolté sensible et plein d’ironies.

Ce qui choque lors de la première écoute c’est sans aucun doute la justesse avec laquelle est produit l’album. L’ambiance est belle et sombre comme le ciel du nord, grise comme la tignasse du chanteur absent de la jaquette de son œuvre. La ligne de guitare de I’m just an old motherfucker, le synthé de Please exist sont de merveilleux contrepoints pour lancer la voix distordue du chanteur.

Côté texte, c’est parfois un peu simple et bête comme les pensées d’un rêveur (et beau donc !). On pense spontanément à Je veux vivre ou à quelques tournures issues de Santé ; des paroles à la fois naïves et désabusées qu’on imagines issues d’un bon bourbon et qu’on ne s’approprie que plus facilement… parce qu’on est humain. Jugez vous-même :

 

« Je veux vivre dans un monde
où les chiens embrassent les chats
Et où .. ils dansent ..
Ils dansent une rumba.
Je veux vivre dans un monde
Où les malheureux sont Heureux »
Et c’est peut-être cela la force d’Arno après toutes ces années, de ne pas chercher à verser dans un rock guindé, élististe ou trop réfléchi. Non, l’oeuvre est emplie d’une simplicité qui fait du bien, d’un rock sain et décomplexé. Arno n’en fait pas des tonnes, il est Arno et il semble aussi bien emmerder le monde qu’il y a 20 ans, à la manière d’un Hubert Felix Thiéfaine qui aurait bien moins vieilli.