Albums et œuvres complètes

Error 404 : le sans faute de Brav

Il n’aura su se retenir bien longtemps. Un peu plus d’un an après Sous France, l’inclassable Brav revient déjà avec son second album… Loin d’être une erreur.

Le moins que l’on puisse dire c’est que la petit équipe de Din Records ne s’endort pas sur ses claviers. Après l’excellent EP signé Médine et ses quelques clips, c’est donc le retour de Brav, album qui sera lui-même suivi par le nouvel album de Tiers Monde…

Brav c’est une voix particulière et un son qui l’est tout autant. Un univers sombre pour un personnage torturé mais debout. Erreur 404 ne détonne pas de Sous France, le précédent album ; le clip de BAGARRER publié le 1er février dernier en featuring avec son acolyte Tiers Monde (l’autre partie du duo Bouchées Doubles) en annonçait bien la couleur. Le titre est d’ailleurs un des sommets de l’album.

On y retrouve Brav en lutte avec lui-même ; le père de Brav (déjà présent dans le clip de Revolving) incarnant en miroir son image de prolo vieillissant. Tout un symbole pour le Havrais.

Brav’hour

Avec cet album, Brav porte des textes simples et percutants sans jamais être simplistes : ça fait souvent mal et toujours mouche. La critique est acerbe et si l’auteur a toujours pris parti de démonter les engrenages de notre société, cette fois le numérique et les réseaux prennent cher. Si ce celui-ci se nomme erreur 404, ça n’est bien entendu pas innocent : l’opus interroge sur la valeur des liens virtuels et sur leurs impacts sur la triste réalité. Titre après titre c’est également l’individu et son abandon à la machine qui le broie et à la consommation  ; « Revolving » qui ouvre l’album en est un très bon exemple.

Dans la continuité de « Tyler Durden » sur Sous France, c’est cette fois l’héroïne de Fight Club, « Marla Singer » qui a le droit à un titre éponyme. Certainement une des pistes des plus réussies de l’album avec une instru respirant alors que la voix de Brav, elle, s’essouffle en phases rapides et bien tranchées. Un contraste appuyé par le featuring avec Jarone.

L’ensemble de l’album repose sur une prod cisellée presque industrielle ; impeccable et raisonnante, comme la voix de l’artiste, la rouille et le béton.

Erreur 404 est une œuvre noire indéniablement très maitrisée tant au niveau de la production, que du chant et des paroles. Tant est si bien que l’ombre que Brav diffuse au long de l’album en devient étouffante, provocant une impression de claustrophobie. A la fois révolté, à la fois résigné, Brav laisse peu passer le soleil à travers ses nuages alors même que le personnage a lui-même, heureusement, une aura dynamique et plus chaleureuse. Pour s’en rappeler il nous aura fallu nous replonger dans le très bon (mais moins égal) Sous France. Si ce premier opus solo semble renvoyer l’image de l’auteur marchant au milieu de la banlieue et décrire ce qu’il y voit (parfois par les fenêtres), Erreur 404 plonge l’auditeur au cœur des immeubles et des solitudes.

Découvrir Brav sur Erreur 404 c’est découvrir une autre rap Français d’aujourd’hui : un rap que l’on peindrait impressionniste, en nuances de gris et de rouge sang. Tout ça pour dire « On aime ».

Previous post

Arno, humain après tout ?

Next post

Léviathan, le manège psychédélique de Flavien Berger

Ludo

Ludo

Hypersensible à la musique (un peu trop en live d'ailleurs), j'écris comme je parle, je parle comme je pense, je pense que je parle trop mais que j'écris trop peu. Objectif : découvrir et faire découvrir. J'aime pas les albums-produits mais les albums bien produits.

No Comment

Leave a reply