Luna (Bodzin vs Romboy) : Église de Synthéologie
Il y a déjà (presque) 6 ans sortait Luna. Album/coffret/concept produit par deux condisciples allemands d’une techno de haute volée… Souvent planante. Bien entendu cette œuvre est restée confidentielle, ce qui est un scandale.
Bodzin vs Romboy ; qui est qui ?
Pour ceux qui ne seraient pas branchés techno minimaliste — chères âmes à qui nous recommandons encore plus vivement l’écoute de Luna — commençons par resituer rapidement les compositeurs de cette œuvre.
Tous les deux producteurs, Stephan Bodzin, lui, est resté caché dans l’ombre de ses machines électroniques jusque 2006, année où il se lance en solo. Il ne lâchera plus la scène après y être monté. Marc Romboy est, en plus, DJ et patron du label Systematic Recordings lancé en 2004 (après avoir monté le label « Le petit prince » en 1994).
« Power Of Ten », dernier album de Stephan Bodzin, est sorti en 2015 et s’il n’est pas le sujet de cet article on vous le recommande quand même (et toc!).
Après que ces deux amoureux du son aient travaillé ensemble sur un projet de Marc, ils se retrouvent donc afin de réaliser Luna, album au format hors normes, collaboration essentielle à la vie amoureuse de vos oreilles avec leur casque.
collaboration essentielle à la vie amoureuse de vos oreilles avec leur casque.
Depuis ? Bodzin a sorti « Power Of Ten » (à écouter ci-dessus) et Romboy a collaboré avec Ken Ishii (rien que ça) sur « Taiyo », puis réalisé « Shades » sorti en 2014 (à écouter ci-dessous en version megamix).
Le coffret lunaire
Comment parler de Luna sans évoquer le format (qui frôle la démesure) de cette œuvre.
Autant l’annoncer tout de suite afin de vous éviter toute déception : le coffret original n’est, à moins d’une erreur de notre part, absolument plus disponible. Ou alors en occasion à 60€… et là vous faites ce que vous voulez hein — C’est en effet un peu le problème de ce format « Old Vibes Good Vibes », on vous prévient un peu tard du coup —. Notez nonobstant que la version numérique est dispo pour 10€ et que cette somme est absolument ridicule considérant le nombre de pistes que comporte « l’album ».
Venons-en au fait. Il s’agit là d’un coffret 3 CD comprenant l’album (11 pistes), un DJ Mix d’1h18min (13 pistes) bossé avec des noms tels que Joris Voorn ou Minilogue par exemple, et d’un CD de remixes au format mp3 (24 pistes). Sur ce dernier on retrouve des noms tels que Moritz Von Oswald, Grego Tresher ou encore Dominik Eulberg pour ne citer qu’eux.
« L.U.N.A… Hum, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? »
Ah, oui. Faut-il préciser le pourquoi du nom de ce triple… « L.U.N.A… Hum, qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? » L’intégralité des titres de l’album, sauf « The Alchemist », font référence aux lunes de Neptune (Triton), Jupiter (Callisto, Io), Uranus, Pluton, Mars, Saturne ou même… de la Terre (ndlr : « Luna », voyez). Nous laisserons à chacun le soin d’imaginer si les pistes correspondantes décrivent les paysages ou les voyages menant à ces différents astres.
Luna : litanie des synths
Après avoir posé le « qui » et le « quoi », reste à évoquer le fond. C’est à dire le son.
Dans son ensemble, Luna est une ode aux synthétiseurs dans la droite lignée des productions de l’âge d’or de Détroit. Comprenez par-là que ce disque (ces disques !), bien au-delà des noms de lunes qui le constellent, expédie directement l’auditeur dans l’espace. Un espace ample et sonore, minimaliste certes, mais uniquement pour mieux libérer les mélodies qui le composent.
comme d’une matière sonore brute délivrée directement des machines
La production est en effet à la source de l’indéniable « réussite » de ce triple album, de ce qui fait qu’il est marquant, singulier — de ce qui fait que nous écrivons à son sujet et qu’il restera dans les mémoires (et les discothèques) des passionnés de musique électronique —. Alors que certains producteurs donnent une couleur, une ambiance ou une texture à un titre, ici les synthétiseurs tels qu’on les entend (qu’il s’agisse de percus, de basses, de leads,…) semblent être les seuls vecteurs de leurs vibrations. Quand bien même la prod et le mixage sont millimétrés, il se dégage des morceaux un réel sentiment de pureté « Live » ; comme d’une matière sonore brute délivrée directement des machines aux enceintes (ou au casque) de l’auditeur.
Dans cette optique, les deux artistes vont même jusqu’à proposer sur le premier disque (l’album du triptyque donc) des morceaux en « synthapella ». Des synthés à capella… Vraiment !? Au-delà du fait qu’on adore ce concept tout à fait à contre-courant des tracks surproduites, ces pistes (3 – Callisto et 9 – Phobos) de presque 7 minutes sont un vrai régal pour les oreilles. Mais pas que.
éminemment dansant et transcendant
En effet, qui aurait oublié que l’on parle ici de danse music aurait oublié (1) qui sont les compositeurs de cet album (2) qu’on parle de techno allemande (3) qu’on n’est pas là pour se tourner les doigts de pied. L’ensemble des pistes, même les synthapella citées plus haut, est éminemment dansant et transcendant voire même psychédélique.
Bien au-delà de tous les discours que nous pourrions inventer pour décrire cet objet musical, la vérité c’est que le minimalisme de cette œuvre, son parti-pris pour l’authenticité, la rendent accessible à tous. À tous ceux, en tout cas, qui prendraient la peine de l’entendre. À bon écouteur 😉
Les (mauvais) jeux de mots auxquels vous avez échappé : »En odeur de synthé », « Synthés, bonheur! » et « Tiens, voilà du Bodzin »
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